Mondes iranien et indien

Home > Scientific Events > Events - 2019 > Vers une histoire culturelle des relations internationales de l’Iran moderne (...)

Vers une histoire culturelle des relations internationales de l’Iran moderne et contemporain : la scène de théâtre des opérations diplomatiques et ses acteurs

Tuesday 25 June 2019

All the versions of this article: [English] [français]

Journée d’études internationale

 
Date : 25 octobre 2019
Horaires : 8h 45 à 18h 45
Lieu : Maison de la Recherche - Sorbonne Nouvelle, 4 Rue des Irlandais, Paris 5e (Salle Athéna)
 

Programme en format pdf

..............................

Organisation
- Leila KOOCHAKZADEH (post-doctorante, Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Mondes iranien et indien)
- Oliver BAST (professeur des universités, Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Mondes iranien et indien)

 

..............................

ARGUMENTAIRE

Ayant été délaissé par la recherche jusqu’à récemment, "L’homme d’État" étudié dans Introduction à l’histoire des relations internationales (1964) de Pierre Renouvin et Jean-Baptiste Duroselle recommence à intéresser de plus en plus les chercheurs de l’histoire des relations internationales. (cf. les travaux de R. Adler-Nissen, L. Badel, Y. Denéchère, A. Faizullaev, R. Frank, P. Grosser, J. Keiger, M. MacMillan, I. Neumann, T.G. Otte, N. Shimazu et M. Vaïsse, pour ne citer que quelques exemples). Notre journée d’études s’inscrit dans cet intérêt renouvelé pour la dimension humaine des relations internationales. Ainsi, elle entend réunir, au premier chef, des chercheurs dont les objets d’études sont les acteurs.trices de la politique étrangère de l’Iran. Toutefois, elle accueillera également des spécialistes de l’histoire diplomatique d’autres régions du monde afin de permettre des échanges scientifiques franchissant les frontières qui séparent les historiens qui travaillent sur des différentes aires culturelles.

 

Lire la suite ...

Dans le cadre de cette journée d’études, nous nous intéresserons particulièrement, mais de manière non limitative, au cadre théorique interactionniste d’Erving Goffman, lequel a notamment travaillé la préservation de la "face" de l’autre et sur "la mise en scène de la vie quotidienne" (1959) dans différents travaux portant sur la dimension théâtrale des pratiques quotidiennes. Tout en étant ouverts aux autres propositions, nous proposons d’explorer les axes de réflexion suivants :

- Le.la diplomate déploie son action à travers un répertoire de techniques performatives codifiées et de communication paralinguistique, de gestes étudiées et symboliques, qui constitue la mise en scène du spectacle diplomatique. A quel point, dès lors, investit-il.elle "his own personality" (Gordon Waterfield, 1973, p. 94) pour endosser et mener la politique de son pays? Jusqu’où donne-t-il.elle de sa propre personne ou essaie-t-il.elle de nouer des relations personnelles pour se concilier des intérêts opposés? Dans quelle mesure, enfin, les caractéristiques personnelles et traits de personnalité du.de la diplomate sont un élément déterminant des relations internationales? Pour reprendre l’expression de John Keiger (1997) "how his mental map influenced his policy and decision-taking?" Dans cette optique, il sera ainsi intéressant de lire ou de relire différemment les sources, en portant davantage attention sur le rôle personnel du.de la diplomate et sur les aspects théâtraux et cérémoniaux de la pratique diplomatique.

- Il est important d’étudier l’"environnement interculturel et culturel" (René Girault, 1998, p. 32) du.de la diplomate. Quel est son parcours individuel? Quels sont ses liens familiaux éventuels avec les membres du corps étatique, ou les grandes familles des mondes politique, économique et culturel? Quelle est sa classe sociale d’origine? Quelle éducation a-t-il.elle reçue? Quelles sont ses relations sociales? Quelles sont son appartenance religieuse, ses tendances politiques et idéologiques? etc.

- Comme mentionné par Pierre Grosser, l’histoire "doit être réécrite depuis les marges, les périphériques, à partir du point de vue des dominés et des victimes" (2014, p.195). Ceci est d’autant plus essentiel lorsqu’il s’agit de l’histoire des relations internationales. Dans le cas des pays "dominés" il est en effet particulièrement intéressant d’étudier les techniques déployées du.de la diplomate pour mener la diplomatie d’un pays dépourvu des capacités matérielles et symboliques des grandes puissances.

- L’action diplomatique se définit également par les récepteurs de celle-ci, et il est par conséquence important d’analyser le personnage du.de la diplomate et sa pratique à travers le regard des autres braqué sur lui.elle. C’est d’autant plus vrai après la mise en place des grandes instances internationales lorsque le.la diplomate sort en partie de l’ambiance feutrée des salons et se trouve exposé.e de façon quasi permanente non seulement au regard collectif de ces homologues réuni.e.s en assemblées, mais encore et surtout des médias, de la presse en particulier. Comment le.la diplomate réagit-il.elle à ce regard porté sur sa personne, et comment en use-t-il.elle pour mener à bien ses manœuvres politiques? Dans le cas des diplomates non-occidentaux.ales, ceux.elles-ci ont-ils.elles adopté les normes diplomatiques définies par les grandes puissances et les limitant, ou ont-ils.elles fait valoir leur propre identité culturelle? Ou bien encore sont-ils.elles parvenus à s’approprier ces normes et à en jouer?

- Le monde diplomatique qui "apparaissait comme un territoire exclusivement réservé aux hommes" (Yves Denéchère, 2003, p. 89), libère de plus en plus la place aux femmes. En étudiant l’histoire des relations internationales, on peut aborder le personnage de la femme d’État ou de la négociatrice diplomatique, dans ce qu’elles ont de différent par rapport à l’homme d’État et au diplomate, et dans leurs manières de trouver leur place et de mettre en scène une pratique politique dans un monde résolument marqué par la masculinité, et des structures patriarcales.

- L’étude des pays au statut inférieur dans l’ordre international, et dont les élites politiques cherchent à gagner reconnaissance, peut ainsi nous aider à "nous émanciper d’une vision européo-centrée de l’histoire du monde" (Laurence Badel et Pierre Singaravélou, 2016). Dans cette optique, l’exemple de l’Iran, et les cas de représentation diplomatique de cet État, peut être particulièrement éclairant.

..............................

 

Programme

08h45 : OUVERTURE

 
09h00-10h30 : PREMIERE SEANCE
Président : Yann RICHARD (Mondes iranien et indien)

  • Davide TRENTACOSTE (Université de Teramo / Sorbonne Nouvelle)
    Un exemple de diplomatie italienne en direction des Safavides : Le cas du Grand-duché de Toscane à l’époque de Šāh ‘Abbās le Grand
  • Nader NASIRI-MOGHADDAM (Université de Strasbourg)
    Hâji Mirzâ Âqâsi et les relations franco-persanes
  • Florence HELLOT-BELLIER (Mondes iranien et indien)
    Lazare Nazar Aqa (1873-1905) et René de Balloy (1881-1898) : acteurs d’une diplomatie de la médiation à Paris et à Téhéran

 
10h30 à 11h : PAUSE-CAFE

 
11h à 12h30 : DEUXIEME SEANCE
Président : John KEIGER (University of Cambridge)

  • David MOTADEL (London School of Economics and Political Science – LSE)
    Staging Qajar Iran : Non-Verbal Communication and Miscommunication during the European Royal Visits of Nasir al-Din Shah and Muzaffar al-Din Shah, 1873-1905
  • Oliver BAST (Sorbonne Nouvelle / Mondes iranien et indien)
    Quel est le poids de l’individu dans l’histoire des relations internationales de l’Iran contemporain? – Analyse comparée de trois études de cas de la première moitié du XXe siècle
  • Leila KOOCHAKZADEH (Sorbonne Nouvelle / Mondes iranien et indien)
    L’homme qui a « sauvé » la Société des Nations : étude sur les représentations diplomatiques d’Arfa’ ol-Dowleh à la SdN

 
TROISIEME SEANCE : 14h30-1600h
Président : Laurence BADEL (Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne)

  • Etienne PEYRAT (Sciences Po Lille)
    Migrations et relations internationales entre Iran et Union Soviétique (années 1940-1980)
  • Thomas BEDREDE (Sorbonne Nouvelle)
    La «géographie mentale» du diplomate et son action : l‘exemple de Bāqer Kāẓemi (1891-1976)
  • Roham ALVANDI (London School of Economics and Political Science – LSE)
    Between Ulrike Meinhof and Cyrus the Great : Contesting Human Rights in Pahlavi Iran on the Global Stage

 
QUATRIEME SEANCE : 16h05 à 17h05
Président : Bernard HOURCADE (Mondes iranien et indien)

  • Christophe BERGERON (Sorbonne Nouvelle)
    Amir Abbas Hoveyda et l’influence de l’«environnement culturel » autour des improbables rapprochements irano-québécois de 1974-75
  • Wendy RAMADAN-ALBAN (Université de Namur/EHESS)
    Que cache le sourire de Mohammad Javad Zarif ? Diplomatie publique et nouvelles pratiques sous le gouvernement Rohani I (2013-2017)

 
17h05 à 17h30 : PAUSE-CAFE

 
17h30h-18h30 : TABLE RONDE
Président : Oliver BAST (Sorbonne Nouvelle / Mondes iranien et indien)

Éléments de synthèse – Ouvrir des pistes pour écrire une histoire culturelle des relations internationales de l’Iran moderne et contemporain

- Laurence BADEL (Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne)
- Alexandre KAZEROUNI (École normale supérieure / CNRS)
- John KEIGER (University of Cambridge)
- Bernard HOURCADE (Mondes iranien et indien)
- Yann RICHARD (Mondes iranien et indien)

LISTE DE PARTICIPANTS (par ordre alphabétique)

  • Roham Alvandi est maître de conférences (Associate Professor) en histoire des relations internationales à la London School of Economics and Political Science (LSE).
  • Laurence Badel est professeur d’histoire des relations internationales à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, membre de l’institut Pierre Renouvin et de l’UMR 8138 – SIRICE.
  • Oliver Bast est professeur d’études iraniennes à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et membre de l’unité de recherche Mondes iranien et indien (CNRS – Sorbonne Nouvelle – INaLCO – EPHE).
  • Thomas Bedrede vient d’obtenir son M2 (recherche) en Études iraniennes à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.
  • Christophe Bergeron vient d’obtenir son M2 (recherche) en Études iraniennes à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.
  • Florence Hellot-Belier est historienne et ancien membre de l’unité de recherche Mondes iranien et indien (CNRS – Sorbonne Nouvelle – INaLCO – EPHE).
  • Bernard Hourcarde est directeur de recherche émérite au CNRS est membre de l’unité de recherche Mondes iranien et indien (CNRS – Sorbonne Nouvelle – INaLCO – EPHE).
  • Alexandre Kazerouni est maître de conférences en science politique à l’École normale supérieure, directeur des études, Département Géographie et Territoires, membre de la Chaire Moyen-Orient Méditerranée, Université PSL et chercheur statutaire au Centre Jean Pépin (CNRS).
  • John Keiger, professeur d’histoire des relations internationales, est directeur de recherche au Department of Politics and International Studies (POLIS) de l’University of Cambridge.
  • Leila Koochakzadeh est chercheuse sous contrat post-doctoral à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 rattachée à l’unité de recherche Mondes iranien et indien (CNRS – Sorbonne Nouvelle – INaLCO – EPHE).
  • David Motadel est maître de conférences (Associate Professor) en histoire des relations internationales à la London School of Economics and Political Science (LSE).
  • Nader Nasiri-Moghaddam est professeur des universités et Directeur du département d’études persanes à l’Université de Strasbourg ; il est également membre de l’EA 1340 – GEO.
  • Etienne Peyrat est maître de conférences en histoire contemporaine à Sciences Po Lille et chercheur à l’IRHIS (Université de Lille).
  • Wendy Ramadan-Alban est doctorante à l’Université de Namur et à l’EHESS ; elle travaille sur le concept de grande stratégie dans la discipline des Relations internationales.
  • Yann Richard est professeur émérite à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et membre de l’unité de recherche Mondes iranien et indien (CNRS – Sorbonne Nouvelle – INaLCO – EPHE).
  • Davide Trentacoste est un doctorant en histoire moderne et études iraniennes en cotutelle entre l’Université de Teramo (Italie) et l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, il prépare une thèse consacrée à la diplomatie persane et levantine du Grand-duché de Toscane au XVIIe siècle.

 

__0__