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Séminaire mensuel "Sociétés, politiques et cultures du monde iranien" (2018-2019)
vendredi 28 septembre 2018
Séminaires pluridisciplinaires de Mondes iranien et indien
 
Organisateurs
Amr Ahmed (INALCO), Samra Azarnouche (EPHE), Oliver Bast (Sorbonne nouvelle – Paris 3), Agnès Devictor (Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne), Julien Thorez (CNRS)
 
[marron] Lieu et numéro de salle : à vérifier pour chaque séance [/marron]
INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris
Horaire
1er jeudi du mois (sauf jours fériés)
17h – 19h
| 4 octobre 2018 | 15 novembre 2018 | 6 décembre 2018 |
| 24 janvier 2019 | 7 février 2019 | 14 mars 2019 | 4 avril 2019 | 16 mai 2019 | 6 juin 2019 |
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Le séminaire Sociétés, politiques et cultures du monde iranien est organisé par Monde iranien et indien. Il vise à présenter des recherches récentes sur l’Iran et le monde iranien (Afghanistan, Inde, Asie Centrale) dans une perspective pluri-disciplinaire (Histoire, Sciences politiques, Anthropologie, etc.). Selon les séances, un ou deux intervenants présenteront leurs travaux respectifs.
Ce séminaire se veut un lieu d’échanges et de débats intellectuels. Il est ouvert à tous les chercheurs travaillant sur le monde iranien, aux étudiants de master, aux doctorants ainsi qu’aux chercheurs sur d’autres aires culturelles.
Ce séminaire peut être validé dans le cadre de l’enseignement d’Études iraniennes (Université Sorbonne Nouvelle - Paris3) sous certaines conditions
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Programme de toutes les séances :
 
Jeudi 4 octobre 2018, 17h-19h
Lieu : INALCO, 65 Rue des Grands Moulins, 75013, Paris - Amphi 6 (2ème étage)
- Agnès DEVICTOR, Maître de conférences HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Des films comme sources d’analyse des conflits. Le cas des documentaires du réalisateur iranien Mortezâ Âvini durant la guerre Irak-Irak (1980-1988) et de son héritage
L’œuvre filmé de Mortezâ Âvini, qui occupe une place centrale dans les représentations de la guerre en Iran, excède la fonction de propagande revendiquée par son auteur. Ses films comportent en effet une réflexion singulière, surtout en temps de guerre, sur l’image, sur les outils d’enregistrement et sur un rapport à l’invisible. Par ailleurs, et indépendamment même des choix du réalisateur, ses films ont enregistré, « mécaniquement », une masse d’informations que le chercheur peut aujourd’hui interpréter pour analyser cette guerre dans une dimension historique et anthropologique. Mais qu’en est-il de son héritage cinématographique dans les films sur les conflits contemporains ? Bien que la filiation d’Âvini soit très fréquemment revendiquée par des réalisateurs, leurs films, sans doute aussi nombreux que ceux de la guerre Iran-Irak, tournés dans des conflits qui ne touchent pas le sol national, témoignent ’un autre rapport aux images de guerre, aux techniques, et aux cultures visuelles dont ils sont issus. Ce séminaire explicitera comment des films peuvent être une source pour contribuer à une histoire des conflits, et mettra en rapport ces deux corpus de films – celui des documentaires de Âvini tournés pendant la guerre Iran-Irak, et celui des films tournés depuis 2012, notamment en Syrie – pour évaluer cet héritage.
Agnès Devictor est maitre de conférences HDR à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne dans l’UFR Histoire de l’art et archéologie ; en délégation au CNRS - Monde iranien et indien pour l’année 2018-2019. Elle a notamment publié Images, combattants et martyrs. La guerre Iran-Irak vue par le cinéma iranien, Paris, Karthala, IISMM, IFRI, 2015.
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Jeudi 15 novembre 2018, 17h-19h
Lieu : INALCO, 65 Rue des Grands Moulins, 75013, Paris, amphi 6
- Mohammad Ali AMIR-MOEZZI, Directeur d’études, École Pratique des Hautes Études/PSL
Nouvelles recherches sur les origines de l’islam et de l’imamologie shi’ite
A l’occasion de la parution de son livre La Preuve de Dieu. La mystique shi’ite à travers l’œuvre de Kulaynî (Cerf, 2018), M. A. Amir-Moezzi expose, à travers quelques thèmes, ses dernières recherches sur la question encore bien énigmatique des origines de l’islam et du shi’isme : le caractère problématique du Coran, la dimension apocalyptique du message de Muhammad et le milieu biblique qui l’a vu naître, le problème de l’avènement du Messie, les relations christologiques entre Jésus et ‘Alî.
Mohammad Ali AMIR-MOEZZI est Directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études/PSL où il occupe la chaire de l’islamologie classique. Membre de l’Académie ambrosienne (Milan) et de plusieurs sociétés savantes, il est l’auteur de nombreux livres et articles dont, parmi les plus récents : Le Coran silencieux et le Coran parlant (CNRS Éditions, 2012) et l’ouvrage collectif, L’ésotérisme shi’ite, ses racines et ses prolongements (Brepols, 2016).
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Jeudi 6 décembre 2018, 17h-19h
Lieu : INALCO, 65 Rue des Grands Moulins, 75013, Paris, amphi 6
- Leila KOOCHAKZADEH, chargée de cours à l’INALCO
Imitation de l’étranger ou développement endogène de l’éducation dans l’Iran de l’époque Qājār ? Étude sur la charte d’Anjoman-e ma‘āref.
Le mouvement de réforme du système scolaire iranien avait été initié par le sommet de l’État Qājār, avec la fondation de l’école Dār ol-Fonūn (1851). Mais dans la dernière décennie du XIXe siècle, ce mouvement est repris par des personnalités privées, issues de la société civile, de plus en plus conscientes des retards de l’Iran en termes d’éducation par rapport aux puissances européennes, et même vis-à-vis de certains pays d’Orient, tels l’Égypte ou l’Empire ottoman. Cette intervention vise ainsi, en premier lieu, à mettre en lumière le phénomène de l’établissement, à travers le pays et par des acteurs privés, d’écoles dites "nouvelles", ou "nationales", et de le replacer dans son contexte politique et social général. Sera ensuite traité le processus d’institutionnalisation de ces écoles, à travers le rapport engagé entres ces acteurs privés et l’État au sujet de la question scolaire. Enfin nous présenterons la première charte de l’association Anjoman-e ma‘āref pour la réforme de l’instruction publique, que nous venons de redécouvrir.
Leila Koochakzadeh, docteure en histoire de l’Université de Montréal est actuellement chargée de cours à l’INALCO.
A compter du 1er janvier 2019 et pour une durée de 12 mois, Mme Koochakzadeh sera sous contrat de jeune chercheur post-doctorant de l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, rattachée à l’Unité de recherche Mondes iranien et indien.
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Jeudi 24 janvier 2019, 17h-19h
Lieu : INALCO, 65 Rue des Grands Moulins, 75013, Paris, salle : 5.01
- Sebastien GONDET, chargé de recherche au laboratoire Archéorient (UMR5133, CNRS/Lyon 2)
Actualité des recherches archéologiques irano-françaises sur le site achéménide de Pasargades et dans son territoire proche (Fars central, Iran)
Le site de Pasargades, situé dans la province du Fars au sud de l’Iran actuel, est essentiellement connu pour abriter la tombe de Cyrus, le premier Grand Roi du vaste empire achéménide. Cyrus a également souhaité faire de Pasargades sa résidence royale en Perse ainsi qu’un centre de pouvoir régional. L’organisation spatiale du site et de son territoire est toutefois longtemps restée méconnue. Au tournant des années 2000, un programme de recherches archéologiques sur et autour de Pasargades a été relancé avec pour objectif de cartographier à large échelle le site ainsi que son territoire proche par l’utilisation de plusieurs méthodes de prospections. Interrompus entre 2009 et 2014, les travaux de terrain de la mission irano-française, ont repris depuis 2015 et sont toujours en cours. Les données obtenues permettent de restituer un plan de la capitale achéménide très ouvert où bâtiments royaux et secteurs d’habitat étaient intégrés à un vaste parc. Parallèlement, le développement de Pasargades s’est appuyé sur une mise en valeur minutieuse de son territoire. Les travaux récents ont également apporté de nombreuses informations concernant le destin du site après la chute de l’Empire.
Sébastien Gondet est chargé de recherche au laboratoire Archéorient (UMR5133, CNRS/Lyon 2). Archéologue et archéogéophysicien, il est codirecteur de la mission irano-française « Shiraz » dans le Fars (Iran méridional) et coordinateur du projet ANR-DFG franco-allemand « Paradise » (2017-2020). Après une thèse et un projet post-doctoral de prospections archéologiques et géophysiques autour de Persépolis, il se concentre sur l’étude de la fondation royale de Pasargades et, plus largement, des centres du pouvoir et des formes d’urbanisme perse en Anatolie, dans le Caucase ainsi qu’en Asie Centrale.
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Jeudi 7 février 2019, 17h-19h
Lieu : INALCO, 65 Rue des Grands Moulins, 75013, Paris, salle : 5.01
- Florian SCHWARZ, directeur de l’Institut für Iranistik, Österreichische Akademie der Wissenschaften (Vienne, Autriche)
The Sufi, the village and the city. Hagiography and social history
in 17th-century Bukhara
The critical use of Sufi hagiographies for writing social history (in the broadest sense) of many regions and periods of Islamic history is well established. Central Asia has produced its fair share of hagiographic texts, which have been widely exploited in modern scholarship, while a large number of texts remain virtually unstudied. What sets the study of Central Asian hagiographical texts apart from many other areas is the necessity to engage with a strong Soviet tradition of research. This presentation will assess various research paradigms and explore new perspectives for a meaningful social history of Central Asia. As a case study, one particularly rich Persian hagiographical text from late 17th-century Bukhara, Zinda Ali’s Thamarat al-mashayikh, will be presented and discussed.
Florian Schwarz est le directeur de l’Institut d’études iraniennes (Institut für Iranistik) de l’Académie autrichienne des Sciences (Österreichische Akademie der Wissenschaften) à Vienne. Ses travaux de recherche portent sur l’histoire de l’Iran et de l’Asie centrale en s’intéressant particulièrement aux cultures de tradition manuscrite, aux réseaux intellectuels et communautés savantes, à la numismatique et l’histoire monétaire, à l’épigraphie islamique ainsi qu’à la géographie historique. Il est l’auteur et l’éditeur scientifique de nombreux livres, notamment de Persische Poesie alla Turca : Sprache, Exil und die Grenzen der kulturwissenchaftlichen Iranistik (Wien : Vienna University Press, 2011), de Sylloge Numorum Arabicorum Tübingen. XIVc Hurasan III : Balh und die Landschaften am oberen Oxus (Tübingen, Berlin : Wasmuth, 2002) et de Unser Weg schließt tausend Wege ein : Derwische und Gesellschaft im islamischen Mittelasien im 16. Jahrhundert (Berlin : Klaus Schwarz, 2000).
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Jeudi 14 mars 2019, 17h-19h
Lieu : INALCO, 65 Rue des Grands Moulins, 75013, Paris, salle : 5.05
- Houchang E. CHEHABI, Boston University
Tristes Tropiques : l’exil de Reza Shah et les Britanniques
« Jamais tu n’accorderas ta confiance aux Anglais » : voici, en quelques mots, le testament de Reza Shah (r. 1925-1941) à son fils, le dernier monarque de l’Iran. Et pour cause : en août 1941, après l’occupation de l’Iran par les troupes anglo-soviétiques, le fondateur de la dynastie Pahlavi, accusé de germanophilie, était déposé par les Alliés. Les Britanniques se chargèrent d’orchestrer son exil – en Amérique Latine, pensait Reza Shah, lorsqu’il embarqua avec la famille impériale au port de Bandar Abbas. Or, le bateau le conduisait à Bombay, et de là à l’île Maurice. Après seulement six mois sur l’île, il fut transféré en Afrique du Sud, où il mourut en 1944. Cette communication détaillera les circonstances de l’exil du souverain et analysera les enjeux politiques et géostratégiques qui déterminèrent les choix des Britanniques.
Houchang E. Chehabi est professeur d’histoire et de relations internationales à Boston University. Ses recherches portent sur l’histoire moderne et contemporaine de l’Iran ainsi que sur les relations internationales du Moyen-Orient. Parmi ses publications on peut citer notamment Iranian Politics and Religious Modernism : The Liberation Movement of Iran under the Shah and Khomeini (Ithaca, NY : Cornell University Press, 1990) et Distant Relations : Iran and Lebanon in the Last 500 Years (London et New York : I.B. Tauris, 2006). Il est également co-éditeur de l’ouvrage Iran’s Constitutional Revolution : Popular Politics, Cultural Transformations, and Transnational Connections (London et New York : I.B. Tauris, 2010).
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Jeudi 4 avril 2019, 17h-19h
Lieu : INALCO, 65 Rue des Grands Moulins, 75013, Paris, salle : 5.01
- Farangis GHADERI (University of Exeter)
Aspects de la poésie kurde (XIXe/XXe siècles)
Traditional Kurdish literary criticism has presented the emergence of modern poetry as a radical break with the classical poetry in which, as a result of familiarity with European poetry, traditional metrical and rhyme systems were abandoned and instead syllabic meter and free rhyme scheme were employed. It maintains that the poetic “revolution” was initiated by Abdula Goran, known as “the father of modern Kurdish poetry”. In this paper, I challenge this established approach and argue that poetic modernisation was a complex process which unfolded over the oeuvres of generations of poets and although inspired by European poetry at the later stages of its development, it was largely the political and social transformations of the late Ottoman Empire which generated its emergence. I argue that modern poetry was the literary form which accompanied the emergence of Kurdish nationalism, a phenomenon which can be equated with the role played by the novel in Europe. Incorporating new social and political discourses in poetry resulted in a series of gradual transformations without entirely breaking the old poetic system. A close reading of Kurdish poetry from the late nineteenth century to the 1940s illustrates a gradual move from the classical poetic conventions and a successive introduction of new perspectives, rhetoric, and literary devices into the poetic system. I illustrate that noticeable changes in the form of the poetry took place only in the later stages of the modernisation process mainly under the influence of modern Turkish poetry and the revival of interest in Kurdish folklore and classical Kurdish-Gorani poetry.
Dr Farangis Ghaderi obtained her PhD in Kurdish Studies from the Institute of Arab and Islamic Studies at the University of Exeter in 2016. Her doctoral research examined the emergence and the development of modern Kurdish poetry from the late nineteenth century to the 1940s. She has taught Kurdish and Persian languages at the Institute of Arab and Islamic Studies of the University of Exeter where she is currently an honorary research fellow. She also works as an independent Middle East consultant and expert witness in the UK.
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Jeudi 16 mai 2019, 17h-19h
Lieu : INALCO, 65 Rue des Grands Moulins, 75013, Paris, salle : 5.05
- Amr AHMED, Maître de Conférence à l’INALCO
La contribution de Yaḥyā Dowlatābādī à la modernisation de la poésie persane
En 1912, Yaḥyā Dowlatābādī composait deux poèmes qui marquaient des différences notables avec les normes traditionnelles de la composition poétique. Notamment, ces poèmes se fondaient sur des mètres syllabiques. Critiques et historiens de la littérature n’ont accordé à ces textes qu’une attention distraite, le plus souvent pour qualifier d’échec la tentative d’introduction de la métrique syllabique en persan. A contre-courant d’un tel jugement, notre présentation établira que, par-delà même leur originalité métrique, ces poèmes étaient profondément innovants. Animé du même souci de renouvellement qui poussait la jeune génération de poètes à individualiser les formes poétiques, Dowlatābādī doit être reconnu comme un acteur à part entière du grand mouvement de modernisation de la poésie persane.
Amr Taher Ahmed est spécialiste de poésie kurde et de poésie persane, de métrique et de littérature comparée. Sa thèse de doctorat en littérature comparée, soutenue en 2009 à la Sorbonne Nouvelle, s’est vue décerner le Prix de Thèse Européen de la Societas Iranologia Europaea (2011). Son ouvrage, « La Révolution littéraire », Étude de l’influence de la poésie française sur la modernisation des formes poétiques persanes au début du XXe siècle (Vienne : Presses de l’Académie des Sciences d‘Autriche, 2012) a remporté le Prix du Livre de l’Année de la République Islamique d’Iran (2014). Avant de rejoindre l’INALCO comme Maître de Conférences en langue et littérature kurdes, Amr a travaillé comme chercheur à l’Institut d’études iraniennes de l’Académie des Sciences d’Autriche, et enseigné aux États-Unis à UCLA (2013) et à Harvard (2016-2018).
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Jeudi 6 juin 2019, 17h-19h
Lieu : INALCO, 65 Rue des Grands Moulins, 75013, Paris, salle : 5.01
- Julien THOREZ (CNRS, Mondes iranien et indien)
Les nouvelles routes de la soie en Asie centrale, entre projet géopolitique et chimère géographique ?
Depuis l’indépendance des pays d’Asie centrale, la route de la soie est l’une des principales notions utilisées pour décrire l’ouverture internationale de la région, car elle véhicule un imaginaire positif de l’insertion de celle-ci dans les réseaux de la mondialisation. Convoquée par les pays centrasiatiques comme par les puissances régionales et mondiales, elle prend une dimension inédite depuis le lancement par la Chine en 2013 du projet « One Belt, One Road » (OBOR) renommé depuis « Belt and Road Initiative » qui vise à donner corps à une route de la soie du XXIe siècle, articulée autour d’une route maritime et d’une route continentale traversant l’Asie centrale. Cette intervention souhaite revenir sur ce grand projet, en s’intéressant à sa réception et à ses effets géographiques en Asie centrale, de façon à nuancer les discours qui célèbrent avec emphase la centralité recouvrée de la région centrasiatique, au sein de l’ensemble eurasiatique.
Julien THOREZ est géographe, chargé de recherche au CNRS ; il est membre de l’unité de recherche FRE2018 - Mondes iranien et indien. Ses recherches portent sur l’Asie centrale. Il dirige CartOrient (www.cartorient.cnrs.fr), atlas numérique de l’Asie occidentale, du Caucase et de l’Asie centrale.
 
 
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