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Séminaire mensuel "Mondes indiens" (2017-2018)
lundi 16 octobre 2017
Séminaire mensuel
Organisatrices
Isabelle Ratié (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3) et Françoise ‘Nalini’ Delvoye (EPHE)
Le séminaire Mondes indiens, organisé par l’UMR Mondes iranien et indien, se propose de présenter les recherches en cours ou récemment publiées sur les mondes indiens et indianisés — correspondant essentiellement aux pays actuels d’Asie du Sud et d’Asie du Sud-Est —, réalisées par des enseignants-chercheurs, chercheurs confirmés et doctorants de l’UMR ou par des intervenants invités. Ce séminaire pluridisciplinaire est ouvert à tous les chercheurs travaillant sur le monde indien, aux étudiants, aux doctorants, et pourra constituer un lieu de débats et d’échanges avec des spécialistes d’autres aires culturelles.
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Programme
Mercredi 25 octobre 2017
11h00 - 12h30
Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier
13 rue de Santeuil, 75005 Paris, salle Las Vergnas (3e étage)
- Daniele CUNEO, Maître de conférences, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Courtly Care of the Early Modern Self : The Pictorial Programme of a 17th-century Nepalese Manuscript
The presentation will focus on a masterfully illuminated manuscript from early 17th-century Nepal preserved in the Cambridge University Library (Add.864), which was possibly produced by a thriving atelier in Bhatgaon. This accordion book consists of one hundred and forty-four polychrome miniatures of extremely vivid grace and exuberant character, accompanied by Sanskrit captions. Among its many themes, it depicts several narratives of both sacred and secular nature —mostly taken from Brahmanical sources such as the Bhāgavatapurāṇa, the Mahābhārata, the Rāmāyaṇa and the Vetālapañcaviṃśati, but also including scenes from the Buddhist story of Sudhana and the Kinnarī. By means of an interpretive examination of the iconographic programme of Add.864, I will argue that the manuscript may have been conceived as a didactic visual tool for the ethical Bildung of the elites that partook in the courtly culture of early modern Nepal.
 
Daniele CUNEO est maître de conférences en sanskrit et civilisation indienne à l’Université de la Sorbonne nouvelle. Après avoir obtenu son doctorat à l’Université de Rome « La Sapienza » sous la direction de Raffaele Torella, il a travaillé et enseigné dans trois prestigieuses universités européennes à Vienne, Cambridge et Leiden. Ses principaux domaines de recherche sont l’esthétique sanskrite, la philosophie du langage et la codicologie de l’Asie du Sud. Ses publications comprennent plusieurs articles sur l’esthétique sanskrite, une traduction italienne du Mānavadharmaśāstra et de nombreuses contributions dans le catalogue numérique des collections manuscrites en sanskrit de la bibliothèque universitaire de Cambridge.
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Mercredi 29 novembre 2017
11h00 - 12h30
Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier
13 rue de Santeuil, 75005 Paris, salle Las Vergnas (3e étage)
- Vincent ELTSCHINGER, Directeur d’études, EPHE, Section des Sciences religieuses/UMR Mondes iranien et indien
Quelle autorité pour la parole du Bouddha ? Attitudes, évolutions et ruptures
dans la compréhension bouddhique de l’autorité scripturaire
La mort ou parinirvāṇa du Bouddha prive la communauté des fidèles de l’autorité vivante et bienveillante qui l’avait guidée jusque-là. Le Bouddha rassure toutefois ceux des siens qui craignent d’être livrés à eux-mêmes ou à l’arbitraire de successeurs autoproclamés : sa Loi (dharma) présidera désormais aux destinées de la communauté. Mais quelle attitude adopter à l’égard de cette Loi et des Écritures qui la conservent ? À une foi plus ou moins aveugle, les élites préféreront assez tôt la critique, interne comme externe, et l’analyse rationnelle du donné révélé. Les premiers siècles de notre ère reflètent un optimisme épistémologique certain de la part des docteurs bouddhistes : les Écritures (āgama) comptent au nombre des moyens de connaissance valide (pramāṇa) au même titre que la perception et l’inférence, et, mieux même, possèdent une juridication identique à ces dernières. Le système entre cependant en crise au milieu du premier millénaire, au moment où les intellectuels bouddhistes se lancent la fleur au fusil dans la controverse avec les différentes « écoles » philosophico-religieuses indiennes anciennes. De fait, les Écritures bouddhiques ne peuvent plus servir d’arguments contre des non-bouddhistes qui ne leur reconnaissent aucune autorité. De droit, elles paraissent ne plus satisfaire aux conditions nouvellement exigées d’une parole autorisée. Des bouddhistes sincères paraissent donc avoir été tentés de refuser à la parole du Bouddha l’autorité indiscutable dont elle avait été créditée jusque-là.
Vincent ELTSCHINGER est Directeur d’études (Histoire du bouddhisme indien) à l’École Pratique des Hautes Études. Après sa thèse, soutenue en 2003 à l’Université de Lausanne, il a été chargé de recherche à l’Institut d’histoire culturelle et intellectuelle de l’Asie (Vienne), qu’il a dirigé en 2014-2015. Ses intérêts scientifiques comprennent la généalogie de la philosophie en milieu bouddhique, les contentieux entre écoles bouddhiques et brahmaniques, et le poète Aśvaghoṣa. Outre de très nombreux articles, Vincent Eltschinger a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels Caste et philosophie bouddhique (Université de Vienne, Vienne 2000), Penser l’autorité des Écritures (Austrian Academy of Sciences Press, Vienne 2007), Buddhist Epistemology as Apologetics (Austrian Academy of Sciences Press, Vienne 2014), et, avec Isabelle Ratié, Self, No-Self, and Salvation (Austrian Academy of Sciences Press, Vienne 2013).
Enseignement
Page personnelle (EPHE)
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Mercredi 17 janvier 2018
11h00 - 12h30
Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier
13 rue de Santeuil, 75005 Paris, salle Las Vergnas (3e étage)
- Françoise ‘Nalini’ DELVOYE, Directeur d’études, EPHE, Section des Sciences historiques et philologiques / Mondes iranien et indien
Le patronage des arts performatifs par Rājā Mān Singh Tomar, souverain de Gwalior de 1486 à 1516 : un hommage à Dr Harihar Nivas Dvivedi (1912-1987)
Le règne de Rājā Mān Singh Tomar, souverain de Gwalior de 1486 à 1516, est célèbre pour les remarquables monuments qu’il fait construire dans la capitale du Madhyadesh, tels que l’imposant Man Mandir dans l’enceinte du Fort et le Gujari Mahal au pied de la citadelle, et dans ses environs, comme le Racch de Barai, amphithéâtre érigé à une trentaine de kilomètres de la cité. Sa curiosité intellectuelle, son érudition, ses innovations en théorie musicale et son appréciation des arts performatifs sont attestées dans de nombreuses sources architecturales et textuelles. Des chroniques historiques et des traités musicologiques indo-persans, et des œuvres littéraires vernaculaires témoignent du patronage du roi mélomane accueillant à sa cour de brillants poètes-compositeurs, musiciens et danseuses.
Nāyak Bakhshū est une figure majeure parmi les artistes de la cour de Gwalior. Il excelle dans une forme poétique et musicale émergeant à la fin du XVe siècle au Madhyadesh, appelée aujourd’hui “dhrupad”, dont Rājā Mān Singh Tomar sera considéré comme “l’inventeur” légendaire à partir de l’époque moghole. Les poèmes lyriques dits “dhrupad” sont composés en gvāliarī bhāṣā, langue poétique remarquée pour sa musicalité, comme le sera plus tard la langue braj particulièrement appréciée à la cour impériale. Les descendants et disciples des protégés du souverain, tels que Miyān Tānsen (m. 1589), deviendront les meilleurs chanteurs de l’empereur Akbar (r. 1556-1605) et de ses successeurs. Les centaines de poèmes lyriques qui leur sont attribués sont préservés dans des anthologies manuscrites. Inspirés par un vaste éventail thématique, ils illustrent poétiquement les nouveaux courants esthétiques qui marquent la vie artistique de Gwalior au début du XVIe siècle.
Françoise ‘Nalini’ DELVOYE, Directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études, enseigne les littératures vernaculaires et indo-persane sur les arts performatifs à l’époque des Sultanats et dans l’empire moghol, et la poésie chantée dans la musique savante de l’Inde du Nord. Elle est l’auteur de nombreux articles sur la littérature et la musique dans le contexte indo-persan. Elle a dirigé Confluence of Cultures : French Contributions to Indo-Persian Studies (New Delhi, 1994 ; réimp. 1995) et co-dirigé avec M. Alam et M. Gaborieau, The Making of Indo-Persian Culture : Indian and French Studies (New Delhi, 2000). Avec P.L. Sharma elle a co-édité le premier volume de Nūr-Ratnākar et Amīr Khusrau’s Prose Writings on Music de Shahab Sarmadee (Kolkata, 2003 et 2004). Elle a co-dirigé avec J. Bor, E. te Nijenhuis et J. Harvey, Hindustani Music : Thirteenth to Twentieth Centuries (New Delhi, 2010) et prépare un ouvrage intitulé Court Poet-Composers in Braj Language : Text, Context and Performance in Premodern India (c. 1500-1700) à paraître chez Manohar, New Delhi.
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Mercredi 21 mars 2018
11h00 - 12h30
Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier
13 rue de Santeuil, 75005 Paris, salle 123 (1er étage)
- Andrea ACRI, Maître de conférences, EPHE, Section des Sciences religieuses / Mondes iranien et indien
“Tantric Yoga” vs. “Classical Yoga” : The Canonisation of Patañjali in the light of Indian and Javano-Balinese Sources (10th–20th Century CE)
The talk will discuss the dialectics between the traditions of ṣaḍaṅga (i.e. “Śaiva” or “Tantric”) and aṣṭāṅga (i.e. “Pātañjala” or “Classical”) Yoga in India and Java/Bali (Indonesia), as illuminated by selected premodern and modern textual sources from ca. the 10th to the second half of the 20th century. In particular, it will focus on the process of progressive “canonisation” of the Yoga of Patañjali in the two cultural contexts, and will argue that similar dynamics were at play in both areas – most notably, the substitution of ṣaḍaṅga with aṣṭāṅga Yoga in many foundational Śaiva scriptures as well as modern pamphlets of “reformed” Hinduism.
Andrea ACRI est Maître de conférences en Études tantriques à l’École Pratique des Hautes Études depuis fin 2016. Ayant obtenu son doctorat à l’Université de Leyden en 2011, il a occupé plusieurs postes de recherche et d’enseignement, notamment à l’Université de Nalanda (Inde), au Nalanda-Sriwijaya Centre et à la National Unversity of Singapore (Singapour) ainsi qu’à l’Australian National University (Australie). Il est l’auteur de nombreux articles ; il a édité plusieurs ouvrages consacrés aux traditions tantriques shivaïtes et bouddhiques en Inde et en Asie du Sud-est, et a publié la monographie Dharma Pātañjala : A Śaiva Scripture from Ancient Java Studied in the Light of Related Old Javanese and Sanskrit Texts (Egbert Forsten/Brill, 2011, 2e éd. Aditya Prakashan, 2017).
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Mercredi 4 avril 2018
11h00 - 12h30
Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier
13 rue de Santeuil, 75005 Paris, salle 123 (1er étage)
- Jürgen HANNEDER, Professeur à l’Université de Marbourg
Sāhib Kaul’s Wish-fulfilling tree — A unique piece of visual poetry
Sāhib Kaul’s Kalpavṛkṣa, "Wish-fulfilling tree’’, is the name of one of his many works
transmitted in manuscript form. Professor Hanneder stumbled across the text while attempting to edit the works of this 17th century Kashmirian author and was unimpressed by its complicated contents until he discovered that the "text’’ is in fact a monumental piece of visual poetry, some secrets of which still remain to be deciphered.
Jürgen Hanneder est professeur d’Indologie à l’Université Philipps de Marbourg (Allemagne). Il a étudié l’indianisme à Munich, Bochum, Bonn, Marbourg et Oxford, et a travaillé à l’Université de Halle. L’un de ses principaux domaines de recherche est la littérature sanskrite du Cachemire, en particulier le Mokṣopāya ainsi que les œuvres śivaïtes – notamment celles de Sāhib Kaul –, mais ses intérêts scientifiques vont de l’acier dans l’Inde ancienne aux lotus en passant par l’histoire des études indianistes et le sanskrit moderne. Ses publications les plus récentes comprennent une introduction à l’édition du sanskrit, To Edit or not to Edit (New Delhi, 2017), ainsi que Āyurveda und Poesie. Lolimbarājas Lehrgedicht ’Leben des Arztes" (Marbourg, 2018).
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Mercredi 6 juin 2018
11h00 - 12h30
Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier
13 rue de Santeuil, 75005 Paris, salle 123 (1er étage)
- Emmanuel FRANCIS, Chargé de recherche au CNRS – Centre d’Études de l’Inde et de l’Asie du Sud
Les sceaux des plaques de cuivre du sud de l’Inde : types et fonctions
En Inde ancienne, dès le 3e siècle de notre ère, des cessions de droits sur des terres, sanctionnées par le pouvoir royal, sont enregistrées sur des plaques de cuivre, remises aux bénéficiaires des donations. Ces titres de propriété sont accompagnés d’un sceau authentifiant l’autorité émettrice de l’ordre de donation. Nous montrerons divers exemples de sceaux, principalement du sud de l’Inde (chartes des rois Pallava et Cōḻa) et nous examinerons les différents types de sceaux et leurs fonctions.
Emmanuel FRANCIS est chargé de recherche au CNRS et membre du Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS, UMR 8564, EHESS & CNRS, Paris). Historien, sanskritiste, tamoulisant, épigraphiste et manuscriptologue, il mène des recherches sur l’histoire sociale et culturelle de la langue tamoule.
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